"Mes recherches m’amènent à lire et à apprendre beaucoup sur des sujets variés, souvent dans des domaines qui ne me sont pas familiers. Il y a, dans ce travail, comme un frisson de découverte !"

Les chercheurs

Julie Cardi

Aix - Marseille université
Géographie

La résidence urbaine du moustique tigre

Je suis jeune chercheuse d’Aix-Marseille Université en urbanisme au sein du LIEU* et du LPED**. Après avoir étudié l’architecture, j’ai décidé de me lancer dans la recherche en faisant une thèse. L’idée peut sembler étrange, il semble évident de devenir architecte, et non chercheur, lorsque l’on passe 5 ans à travailler cette discipline. Mais ma rencontre avec le moustique tigre a beaucoup changé mes objectifs et aspirations. Après tout, pourquoi ne pas choisir des chemins plus inattendus en abordant le sujet de « l’animal en ville » par le biais de l’architecture et de l’urbanisme, quand bien même il s’agirait du désagréable petit insecte qui squatte nos jardins et nos maisons ? 

Moustique tigre, un nom bien impressionnant pour un insecte qui n’en est pas moins redoutable. 725 000 morts par an, dans le monde, seraient dues aux maladies transmises par les moustiques et certaines sont justement véhiculées par ce moustique tigre, comme la dengue, le chikungunya et Zika, des maladies parfois mortelles. Le moustique tigre a quitté ses forêts natales d’Asie du Sud-Est en bateau, pour rejoindre les côtes de nombreux pays, dont la France, où il s’est installé définitivement en 2004. 

Le mode de vie du moustique tigre est, par coïncidence, tout à fait adapté à l’habitat urbain français, et notamment aux nombreux pavillons avec jardin. Gouttières, collecteurs d’eau de pluie et terrasses sont autant de lieux humides pour pondre ses œufs, bien à l’abri. Dans la ville, conçue par et pour l’être humain, le pendant végétal de la « nature » est largement plébiscité, alors que des animaux comme des batraciens, des araignées ou d’autres chasseurs de moustiques sont régulièrement chassés des maisons et jardins. 

 Durant mon travail de terrain, je répertorie et cartographie des lieux inondés à Arles, Marseille et Salon de Provence où les larves des moustiques se développent. Pour les trouver, j’utilise un endoscope qui me permet de photographier ces endroits sombres et étroits. Ensuite, je repère tout ce qui, dans les bâtiments et dans l’organisation de la ville, favorise le développement des moustiques tigres pour réaliser un diagnostic urbain et architectural. Cela me sert à proposer différentes préconisations et solutions aux professionnels (architectes, promoteurs immobiliers, chefs de chantier...) qui travaillent à la conception et à la réalisation des espaces urbains et des habitations. Je pourrai ainsi travailler avec eux pour mettre en place des solutions durables qui limiteront le développement du moustique tigre. 

* Laboratoire interdisciplinaire en urbanisme
** Laboratoire population, environnement, développement

 

Fiche publiée en 2018.

Objectifs
  • Faire un diagnostic des éléments architecturaux et urbains qui favorisent la présence du moustique tigre
  • Comparer et analyser ces éléments
  • Déduire des informations ainsi obtenues des préconisations applicables par les professionnels et les élus pour créer un habitat durable et peu favorable à la transmission des maladies qui peuvent être véhiculées par le moustique tigre