"J’avais peur des insectes et des araignées, mais plus j’apprends à les observer et les connaître, plus ils me passionnent !"

Les chercheurs

Julie Braschi

Aix - Marseille université
Sciences de la vie et de la terre
Biologie

Eradiquer les espèces invasives pour sauver la biodiversité

Je suis jeune chercheuse d’Aix-Marseille Université en écologie, à l’IMBE*. Les chercheurs de ce laboratoire étudient les interactions entre les êtres vivants et leur environnement terrestre ou marin, afin de mieux protéger la nature face aux changements futurs du climat. Je m’intéresse plus particulièrement au problème des espèces invasives. Elles représentent la deuxième cause de disparition des animaux et des plantes sur notre planète avec lesquels elles peuvent entrer en compétition et prendre la place. Je cherche donc à savoir s’il est utile d’éradiquer les espèces invasives pour sauver la biodiversité, autrement dit pour sauver la diversité des espèces vivantes présentes avant l’arrivée de ces espèces invasives.

Lorsque des espèces animales et végétales sont introduites par l’Homme, volontairement ou non, dans un milieu éloigné de leur habitat d’origine, elles peuvent se reproduire et proliférer car il n’existe pas de prédateurs pour les contrôler. Elles peuvent alors nuire à la faune et la flore locales, et devenir des espèces dites invasives.

Pour mes recherches, j’étudie une île du Parc national de Port-Cros Porquerolles qui est interdite d’accès au public, ce qui permet d’étudier l’impact des espèces invasives sans qu’il n’y ait a priori d’influence de l’homme. Cette île était envahie de milliers de rats noirs originaires d’Asie, qui menaçaient les nids d’un oiseau marin protégé : le puffin cendré. Elle était également recouverte d’immenses tapis de plantes grasses venant d’Afrique du Sud appelées des griffes de sorcières. Les chercheurs ont étudié les oiseaux, les reptiles, les insectes et la végétation qui peuplaient l’île, puis en septembre 2011 tous les rats ont été capturés dans des ratières ou empoisonnés, et toutes les griffes de sorcières ont été arrachées.

Dans le cadre de mes recherches, je retourne toutes les 3 semaines sur l’île (avec une machette, car c’est devenue la jungle sans l’action de l’homme !) entre le printemps et l’automne pour suivre l’évolution des animaux et des plantes indigènes, et particulièrement relever les pièges à insectes. Ensuite, je les ramène au laboratoire et je trie les arthropodes (insectes, araignées, scorpions, scolopendres…) selon leur forme sous une loupe binoculaire pour réussir à les identifier. Une fois toutes ces données analysées, je pourrais voir l’évolution de la biodiversité et comparer les espèces présentes et leur abondance avec les observations faites avant l’éradication. Je pourrais ainsi vérifier si les éradications ont été utiles et bénéfiques pour la biodiversité de l’île. Mes recherches aideront les bureaux d’études à mieux détecter les invasions d’espèces exotiques et les gestionnaires de réserves naturelles à adapter les mesures mises en place pour protéger la biodiversité.

* Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale

 

Fiche publiée en 2018.

Objectifs
  • Étudier les méthodes de contrôle des espèces invasives pour proposer des mesures de gestion adéquates
  • Identifier des espèces bio-indicatrices des invasions pour mieux pouvoir les détecter
  • Conserver de la biodiversité du Parc national et enrichir son inventaire